Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aux Muses etc.
Aux Muses etc.
Publicité
Derniers commentaires
11 novembre 2011

Conte à rebours

 

I. Départ

J’avais repris la route, une petite fille s’était logée en moi au dernier arrêt. Je l’attendais.

Elle faisait sa vie de fœtus encore mais j’avais senti qu’il était temps de repartir. Un voyage différent, parce que je n’allais pas partir physiquement : j’allais seulement opérer une déconnexion nécessaire à l’évolution mais c’était comme « partir ».

Un vrai départ, plus vrai peut-être que les autres malgré la même nécessité de regarder la route vierge devant moi à nouveau.

Elle allait, elle filait, comme le font ces routes en plein désert américain. Et j’avais avec moi une musique pour cela, le mélange est-ouest d’une guitare électrique à la Ry Cooder aux accents indou auxquels s’ajoutait cette petite percussion qui battait le temps du cœur, du soleil à ma tempe, de la nécessaire épreuve des kms.

Nous étions un 12 décembre. 12/12. Parfait.

J’éteignais mon portable mais sans l’éteindre, je faisais nuit sur le jour mais sans fermer les yeux, je courais vite mais sans bouger, et dans le silence parfait, j’entendais mon cri.

 

II. What you need to walk

 

Tout en faisant mes premiers pas, je faisais l’inventaire de ce que j’avais acquis et de ce qu’il est nécessaire de mettre dans sa poche pour ne pas tomber, mourir de faim ou de froid, et pour ne pas se perdre :

Mes acquisitions naturelles :

-          La volonté (le vent)

-          La quête de soi et du monde (la terre double où je marche)

-          La sensibilité (l’eau)

Mais manque le feu parce qu’il a souvent été colère, acharnement et qu’il doit apprendre à brûler de joie et de laisser-être.

Ce que je mets dans ma poche :

-          La spontanéité pour les rencontres

-          Le rêve pour passer les portes

-          Le langage des animaux pour discuter des signes

-          Du miel et du chocolat à partager pour l’amour

 

Mais je ne peux pas aller bien loin sans la joie.

Sans elle, la volonté, la quête et la sensibilité s’épuisent, cherchent en vain dans le paysage ce qui pourra les huiler, les dorloter, les nourrir. La joie, c’est le cœur.

Et le cœur est tout autant la route que l’horizon…

 

 III. Le Cœur

 

Il me semble que je l’ai trouvé. Il est à l’origine de ce petit bout de femme que je porte. C’est parce que je l’ai écouté et  entendu qu’un fruit va bientôt en naître. Il a fallu donc que je retourne voir ce qui avait été à l’origine de ce fruit.

Non pas une envie d’enfant, ni un besoin de me nourrir de ce qui me manquerait …

Une rencontre.

Le cœur se rappelle qu’il bat quand il fait une rencontre, quand il désire partager ce dont il est fait.

Il avait su que c’était une rencontre particulière.

Comment ? Ça ne s’explique pas. Ça se sait.

 

Que s’était-il donc passé entre le moment où il avait été si sûr et maintenant ?

Je l’avais perdu dans ce que les autres pensent, disent, racontent. J’avais trop écouté la rumeur du monde qui ne reconnaît que ce qui lui ressemble. Et mes doutes avaient fait litière. Ils avaient contaminé tout autour. La Peur s’était installée. J’ai cru alors ce que la Peur disait et m’étais convaincue que le sol devait se dérober sous moi, le vent ne plus me porter, l’eau ne plus me rafraîchir, ni l’amour me toucher.

Pourtant, aujourd’hui je me souviens et mon cœur avec moi que c’était une histoire d’amour  qui était à l’origine de tout.

Et quand on regarde l’univers se mouvoir et évoluer le long de sa spirale, il ne s’agit que de cela : des rencontres incroyables aussi folles que dans les rêves…  ce qu’on appelle  « réel » n’étant d’ailleurs que l’un d’entre eux.

J’avais retrouvé mon cœur. Et je le sentais qui palpitait à nouveau, tout rouge et plein de cette rencontre. Quand je l’ai retrouvé, il sentait encore le sel, les pins maritimes et la mer. Solitaire il errait dans les hauteurs. Il avait continué à s’émerveiller des couleurs du ciel, des gens qui passent ; il avait discuté philosophie et théorie du mouvement avec les gabians et les bourrasques ; il s’était gardé comme un trésor jusqu’à ce que je grimpe la colline et l’aperçoive, là, tout vibrant, à la porte du cabanon où il avait battu plus fort ou dans les branches des pins où je l’avais emmené prier.

 

Quelle joie ! Quel feu ! Et cet amour ! il débordait et pendant deux jours plein je l’ai senti se détendre et s’éprendre à nouveau dans mon corps.

Il ne faut jamais nier qui l’on aime par peur du vide.  Pour la simple et belle raison que l’amour seul peut tirer le monde du néant.

Publicité
Publicité
Commentaires
T
vibrante image...
X
La brume dévoile les rêves lorsque l'âme se détache du souvenir. La voie du coeur porte les embruns des chaleurs de la terre. Les souffles mélancoliques tremblent d'un espoir évènement. L'évènement, c'est cet enfant, cette petite fille naissante dans l'étoffe d'un amour marécage, qui absorbe et transforme, jusqu'à l'éveil du lotus.
Publicité