L'eau tonne
C'est cela, une eau qui tonne, un orage qui verdoie son Colisée de larmes à ras d'herbes, violente la rondeur et les couleurs trop franches de l'été.
Ça sent de plus en plus le vermillon, ça bleuit de colchiques en montagne... ça me donne envie quoi.
Parce que cette eau qui tonne c'est la continuité de mon bras, de mon cœur né en été; c'est l'accompli du repli et de ce qui pourtant à l'infini se nuance, se déhanche, se désosse de couleurs, de rythmes, de souffles. Entendez-la dans le Vent particulier. Elle lève la bourrasque et la tourmente jusqu'à la rendre aquatique: le danger, l'impertinence, l'impromptu, la surprise que ça promet ! Parce qu'elle nous prend, saisit, réveille, malmène dans ce que nous n'avions eu de cesse d'alanguir, de rêver, d'évaporer sous la chaleur.
Et j'aime être dans cet éclat, tortueux de violets sombres et de rouges orangés, ravagée de salamandres occultes, en caracole de sons, de langues mordorées à rousseur de vignes, de fruits qui jutent de leurs derniers jus, gonflés de sève et de sucre, coulant dans la gorge l'ultime orgasme du Printemps.
L'automne gronde dans les noirs cumulus amoncelés en grappes, et longtemps, me vendange…